CHAPITRE VII
Où il fut difficile aux artistes, et même au héraut,
de ne pas s'immiscer dans la querelle logo-géoondulatoire où
gicla un peu de cervelle exégétique sur une i.-m.achine. Réformée
depuis par mesure disciplinaire.
-Archives v.n.a.t.r.c.?
- konfidenzial - Kurt Blinis aka nobode à
Otto von Strassenbach aka elles-
Sao Paolo, le 01/12/92
v.n.a.t.r.c.?, section A.B.M.H.T.T.B.B.
- Hector-Marie Despladt
Monsieur le directeur de la revue "Art
Moderne",
cher collègue et néanmoins
ami, vous n'êtes pas sans savoir la tâche qui m'occupe depuis déjà
presque une ronde entre Phébus et la planète au sang bleu...
J'ai découvert (par l'entremise de notre vénéré Otto von S.
bien entendu) deux jeunes surplasticiciens post-positivistes
polytalentueux. J'ai moi-même fourni au public des éléments de
leurs biographies respectives. Je propulsai moi-même leurs noms
dans des revues de grande renommée, à commencer par la vôtre,
Henri.
Je consacrai mes nuits à
commenter leur oeuvre, si sombre, si disparate. Je la fis éclore
jour après jour. Je révélai leur oeuvre à mes deux disciples,
pour ainsi dire. Or, tenez-vous bien, une section dissidente de v.n.a.t.r.c.?,
la section t'.a.b.l.b.d'.a.:a.i., ose m'écrire avant-hier un
torchon plus qu'une lettre, qui, le croiriez-vous, me tint à peu
près ce langage : "... cher maître, dans sa grande mansuétude,
notre vénéré Otto von S. vous adjoint la crèmes des critiques
plasticivistes, à savoir Ether-Michel Pillequant. Veuillez
recevoir, etc..." Comment, moi, le grand Hector-Marie
Despladt, j'aurais besoin d'un adjoint pour commenter mes oeuvres
?
Il me souvient d'une époque où
je rencontrai cet E.-M. P. (comme éducation manuelle et
pratique, notez-le). Figurez-vous quelque ladre de basse
extraction, l'oeil torve, la bouche fielleuse, la paume moite. La
mollesse et l'incompétence suintent de cet histrion grotesque
tel le pus d'une dermite vaginale. (On le sent veule, car faible).
J'eus quelque bonté pour le maroufle et lui dispensai une éducation
moderno-contemporaine de base. Le faquin en avait bien besoin :
sa culture picturo-dessinale se cantonnait à quelques sombres
gribouilleurs transalpins préhistoriques, dont l'un trouvait
amusant de dessiner une femme nue aux longs cheveux au sortir
d'un coquillage géant. Dé-so-lant.
Malgré mon enseignement, le fat
ne put rien saisir des arcanes du surplasticicisme post-positiviste.
Alors, mon cher Henri, vous comprenez mon juste courroux : je ne
peus croire que notre cher et vénéré Otto von S. aie crédité
de son sceau ce sot, cet âne, ce maraud, provincial de surcroît.
C'est avec l'esprit de justice
que ma voix s'élève, et fend le ciel pour dominer l'univers :
"Fuyez, enfants du surplasticisme, du milieu de Paris,
sonnez de la trompette à Tekitoa, élevez un signal à A.B.M.H.T.T.B.B.
! Car on voit venir du septentrion le malheur et un grand désastre.
La belle et la délicate, je la détruis, la fille d'E.-M. P. !
Vers elle marchent des ignares avec leurs critiques, ils dressent
des paroles autour d'elle, ils broutent chacun sa part. Préparez-vous
à l'attaquer !"
Monsieur l'Ether(minable), je
vous attends ! Ma plume sera le glaive vengeur d'une génération
surplastique qui foulera au pied les ossements de votre
cuistrerie !
H.-M. D.
*
-Archives v.n.a.t.r.c.?
- konfidenzial - Kurt Blinis aka nobode à
Otto von Strassenbach aka elles-
Seven Hundred Acre Island, par
Dark Harbour (Maine), 20 sept. 1995
v.n.a.t.r.c.?, E.-M.
Pillequant, réponse à H.-M. Despladt
ô jeune busaillon courroucé,
il sied peu, sachez-le d'emblée,
à l'élévation intellect-surconceptuelle où vous prétendez,
de vagir si roguement et agiter vos petits poings de faquin de
lettres comme le nourrisson moyen qu'occupe l'expectoration
difficultueuse de son rot post-prandial, souci que pour se
justifier d'en assommer son entourage, le poupin salopiot
redoublerait de jalousie à l'ouïr du rot parfait émis avec
aise, style et brio par le grand frère ou cousin mieux doué ou
mieux luné ! tant il est vrai, comme a dit W.-C. Fields, que la
différence entre les enfants et les adultes n'est guère que la
taille de leurs jouets - ou de leurs rots, compléterai-je.
cela étant, et l'affaire ainsi
réglée, il convient malgré tout d'y revenir, pour discerner
dans l'ire logorrhéique qui tord votre faciès et enlaidit votre
plume déjà peu gracieuse, sa fine pointe, sa nature secrète et
honteuse. ce travail me dégoûte assez, je l'avoue, mais bast
!...
premièrement, vindicatif herméneute,
l'exercice de votre talent critique, et le privilège, que dis-je,
le bonheur exhaustif de vous y livrer relativement à cet univers
affriolant, débordant de promesses de renouveau esthétique que
sont les i.-m.achines, la joie radieuse, et la reconnaissance
spirituelle qu'un tel sort vous commandait de vouer à l'immense
maître Otto von Strassenbach, et à v.n.a.t.r.c.?, cela
ne vous suffit guère. il vous faut, non content d'être admis,
vos qualités exorbitatives-jubilatoires dûment reconnues et
sollicitées quant à leur fécondité discriminante-oraculaire,
admis, dis-je, à produire la théorie et ses périodes où
rendre compte du dire plastique-poïématique à l'oeuvre dans l'ars
i-machinans, il vous faut par dessus le marché vous arroger
la paternité de ces gentils et précieux symptômes fossiles-futuribles
où s'ébrouent les virtualités de tout un génial cosmos : les
adorables i.-m.achines.
je suis obligé, à ce point, de
fustiger extrêmement durement le rapt odieux que vous prétendez
commettre, espèce mercantile de Prométhée au petit pied ! et
je me dois de vous morigéner rigoureusement, en tant que
disciple moi-même du glorieux Otto von Strassenbach et membre de
v.n.a.t.r.c.?, en tant qu'artiste moi-même, poète avec
la divine Astrée Galbiatta de g.n.a.p.b.l. : "g.énération
n.ouvelle d'a.grégats p.our b.éton l.éger" et de "calvaire
moderne", et surtout, dirais-je, en tant que critique moi-même,
avec vous appliqué à dégager de sa bogue numineuse la verdeur
i-machinaire en acte ; avec vous, mais contre vous s'il le faut,
je vous préviens.
et de fait, artiste et critique
à la fois, je suis à même et bien obligé de dénoncer en
vous, je le crains, sinon la marque congénitale du moins la démangeante
affection, momentanée mais cuisante à ce qui en paraît dans
votre prose aphteuse, du syndrôme du criticaillon : oh
malheureux Despladt, seriez-vous atteint ? dès lors il est évident
pour tout le monde que votre vil prurit d'appropriation des
oeuvres ne fait que tenter de cacher sous les clinquantes
fanfreluches d'un style - peut-on appeler ça un style ? -
philosophico-esthétique abstrus, abscons, adipeux et tabide,
l'infâmante jalousie du critique impuissant : il ne crée pas,
le pou, alors il prétend détenir seul le sens, et quand cela ne
suffit pas à calmer la compulsive haine qui le châtre, il
s'approprie, il vole. c'est moche, c'est vilain.
mais il y a pis, dans la même
ligne. après avoir avoué par cette prétention arrogante son
irregardable veulerie, l'archétype du critique impuissant que
vous incarnez faiblement, lamentable jeune Despladt, veut enfin
s'assurer le bénéfice exclusif de son crime. il faut donc être
seul en piste. et là, le membre éminent de v.n.a.t.r.c.?
lui-même n'est pas à l'abri d'une déchéance aussi putride,
votre cas nous le démontre hélas ! vous drapant ridiculement
dans l'appartenance à une quelconque chapelle, la section A.B.M.H.T.T.B.B.,
et me collant arbitrairement l'étiquette d'une autre, la prétendue
section t'.a.b.l.b.d'.a.:a.i., vous vous accrochez tel l'arapède
frileux à ces noms légers, en faites une structure contondante,
mortifère, goulagoïde ; au nom d'un fanatique conventicule
infime, vous prétendez rejeter, vouer aux gémonies, vous livrer
à je ne sais quelles activités d'ayatollah d'asile de campagne...
inculte qui ne lûtes point Kierkegaard, sinon vous sauriez que
"dès qu'on structure par trop, la colombe s'envole" ;
que dire quand on idolâtre la structure comme autant de petits
Panurge blêmes devant le léviathan nouveau, vil apparatchik-critique
que vous êtes ?
il me plaît assez, à moi,
d'appartenir librement à v.n.a.t.r.c.?, de jouir de la
confiance du splendide Otto von Strassenbach, et de consacrer mon
attention nouménale exégétique à ce riant propos i-machinaire
qui vient d'éclore. quand cela me requiert et me nourrit,
pourquoi voudriez-vous que j'allasse me réclamer de quelque
groupuscule souslovien que ce soit, mon bon ?
le seul qui m'agréerait, et
juste le temps de vous réduire, serait la section m.q'.e.-c.q.c'.q.c.g.?,
mais je vous moque là, je galège, pardonnez-moi, et revenez à
la raison si vous le pouvez ; remettez-vous humblement au travail
exaltant, à la grande tâche qui nous est échue : je vous
avertis cependant, si vous persévérez à vous en montrer par
trop indigne, je vous le dirai en face.
Ether-Michel Pillequant
*
-Archives v.n.a.t.r.c.?
- konfidenzial - Kurt Blinis aka nobode à
Otto von Strassenbach aka elles-
Bordeaux, le 21/09/96 - Rico da
Halvarez à Hector-Marie Despladt
(lettre retrouvée à Fosse-sur-Mer
?)
M. Despladt,
c'est bien confortablement assis
sur le candide et salutaire réceptacle de mes quelques désagréments
gastriques quotidiens qu'il m'est venu à l'idée de vous écrire,
non pour vous témoigner mon estime, sachez-le.
Mon courroux - partagé par les
sieurs Vicienti, Pillequant, Rasmoulade, Blinis - n'est-il pas
justifié ? Est-il besoin de vous en indiquer l'objet, monsieur
l'exégète ? Car telle est votre tâche : donner une interprétation
éclairante de notre ouvrage sculptural (veuillez m'excuser :
sculpturel, sculpturifiant, sculp-turant, sculptuturique,
sculpturoïdal, ou autres épithètes aussi inutiles qu'agaçantes
que vous plaisez sans doute à distribuer ça et là dans vos
affligeantes et pompeuses logorrhées herméneutiques).
Votre profession, monsieur,
n'est respectable que lorsqu'elle ne dépasse pas les limites de
son champ d'investigation. Nous autres, artistes, n'avons pas le
temps de devenir érudits en art, nous faisons l'art - dussions-nous,
c'est un risque que nous acceptons - demeurer incultes dans les
domaines étrangers à notre savoir-faire. Il n'y a guère qu'un
Otto von Strassenbach ou, dans une moindre mesure, un Vinci pour
s'en tirer aussi prodigieusement dans autant de différents
domaines.
Vous ne faites pas honneur à
votre caste, vous êtes pitoyable, monsieur Despladt ; car enfin,
votre crime n'en est pas un : vous créateur des i.-m.achines ?
C'est comme si vous vouliez nous faire croire, sot terne, que
vous êtes l'actuel chef de l'Etat, alors que tout le monde sait
que c'est Gérard Lenormand. En somme, votre geste est aussi
malhabile qu'irréductiblement couillon.
Nous ne vous en voulons point
pourtant (ignoble crétin, pourriture), et nous vous donnons même
le droit de vous approprier cette oeuvre-ci : Rakkeucheu (note :
premier exemple connu de musique i-machinaire, sublime, et méconnu.
Kurt Blinis).
Serviteur, Rico da Halvarez
p.s. : Je vous félicite, votre
musique est digne de votre immense talent de parasite.
R. da H.
p.p.s. : Caca. (sic, ndlr)
R. de Vicienti
p.p.p.s. : L'ontogenèse
monacale, et sublimatoire, ne vaut-elle pas d'être administrée
d'un astringent affecté d'albumine pour que chacun se dise enfin
: mais où est Bob ?
O. Rasmoulade
(note : on voit à l'oeuvre
l'ignorance des artistes pour ce qui n'est pas leur oeuvre, en même
temps que leur capacité d'intuition fulgurante,
quoiqu'inchoative, quand R. da H. nomme Gérard Lenormand comme
chef de l'Etat : n'est-ce pas le même R. da H. qui aura lancé
en 2001 la campagne triomphale "Daniel Prévost président
!", qui aboutit en 2007 ; Daniel Prévost est comme chacun
sait, et pour le bonheur de tous, l'actuel maître du monde. Paavö
Nuexenschnuppertael, Manaus, 2081)
*
-Archives v.n.a.t.r.c.?
- konfidenzial - Kurt Blinis aka nobode à
Otto von Strassenbach aka elles-
Mérignac, le 29 septembre - H.-M.
D., réponse à Halvarez
(vestiges du double apocryphe
conservés dans les archives Afalistolec de l'hôpital de
Charenton - écriture illisible)
... donc "bile" en tête que je vous accorde,
infect pourceau, ... d'une rép... ... mère nature a doté ...
s'y méprendre aux ubuesques et redondantes réalisations dont
serait capable un Buren ayant abusé d'un alcool trop fort (à la
réflexion, peut-être ce dernier devrait-il boire un peu plus)
... ... sachez ... que je n'entends rien à tout ... ... penchant
à la mythomanie ... tendance à la mégalomanie ... sérieuse
propension à la kleptomanie ... influence ... sur moi a
totalement disparu ...
(note : nous retrouvâmes dans
le fond Afalistolec bis, sauvé de l'incendie du château de
Prszmisl, le billet suivant, adressé à Otto von Strassenbach,
qui suivit de près la cure hélas ratée de H.-M. D. : "le
pauvre, malgré quelques éclairs, lucide notamment sur son cas,
n'est plus en état de comprendre quoi que ce soit..." P.
Nuexenschnuppertael)
*
-Archives v.n.a.t.r.c.?
- konfidenzial - Kurt Blinis aka nobode à
Otto von Strassenbach aka elles-
Dossier : querelle géoondulatoire
Les autres documents relatifs à la
querelle, qui fut publique, passionnée, et qui entraîna le
sabordage prévaricatoire de la revue "Art moderne", le
suicide du docteur Roland Afalistolec dans son bureau à
Charenton, la destruction de Covent Garden par les entendeurs de
la seule représentation de Crying Rak n'Keucheu, plagiat
nullissime dû au fils transsexuel de Boulez et Tina Turner, et
le renouveau définitif des arts par l'i-machination, ont tous
disparu quand Bohijnska Biltrsca fut rayée de la carte : mon
assistant Bituur Esztreym, qui les détenait, s'y trouvait ce
jour-là, et calancha avec les 81000 orphelins manchots qui
composaient l'essentiel de la population sous les plus cruels
bombardements de bière turque qu'on ait vu dans l'histoire. Il y
eut l'épisode de Bob Asquee, qui se prit pour Bob, et que sa
schizophrénie galopante conduisit à mener la "guérilla
des Amorphes" qui ensanglanta le Wyoming...
Reste, et ce n'est pas rien, le
texte de l'avertissement qui régla la querelle, délivré par
Otto von Strassenbach à Berlin le 9 novembre 1999, et qui est
gravé sur le fronton du i-Kunstpalast :
" - Plie, taupe se crée.
A messieurs Pillequant et
Despladt,
à tous.
Cessez, Messieurs, sinon...
Otto von Strassenbach"
Kurt Blinis, historien général
de v.n.a.t.r.c.?
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